vendredi 17 août 2007

Back to the Program : Reader's Diggest

Me voici de retour après le break. Un peu déconnecté du monde webmusical ces dernières semaines, j'innove complètement pour placer quelques petites notes sur les bouquins qui m'ont accompagné dans mon périple atlantique. Alors que les Hell's parcouraient des milliers de kilomètres, des centaines de vierges effarcouchées et des litres de bières, je restais tranquillement sur ma serviette de sable. Pendant que Sonny détruisait tous les prétendants, que le rideau sur l'emprise de la mafia sur le milieu de la boxe des années 50-60 se déchirait, que les rixes de bar, l'alcool, les femmes, les audiences au tribunal et les contrats d'exclusivité se multiplient, je reste les pieds dans l'eau, le nez dans ma menthe, la peau dans le rouge. Deux plongées dans un monde de brutes où la vérité n'est pas forcément celle qu'on croit mais pas non plus beaucoup plus réjouissante. Deux auteurs-journalistes-investigateurs-rocknroll-fou décrivant des faits de société appuyés, étayés de réalité noire et jubilatoire. Un été vraiment sympa.





Les anges de l'enfer. Tout le paradoxe de ce nom est contenu dans ce livre. Hunter S. Thompson, tout le monde connait Las Vegas Parano et sa descente lente et hallucinée dans le délire articulé et inventif de toutes les drogues qui puissent exister sur terre. Ce mec est vraiment à part. Créateur du mouvement gonzo, en gros sur journalisme hypersubjectif qui part d'un évènement ou d'un fait comme prétexte à des élucubrations éclairées et des envolées sous substances toutes plus géniales les unes que les autres. Auteur à ranger avec votre section beatnik entre Sur la route et Le festion nu, Thompson n'a pas vraiment écrit de livre mais plutot des articles un peu plus long que d'habitude. Hell's Angels est un article de 350 pages, une plongée dans le vrai milieu des gangs de motards des années soixante aux Etats Unis, ces bandes de barbares barbus sans foi ni loi qui dévastaient tout sur leur passage tel Attila et les Huns. De l'intérieur, notre journaliste gonzo décortique tout le romantisme des bads boys à moto, leurs rites, leurs style de vie et toute la médiatisation qui a été faite autour d'eux entre 1964 et 1966. Le ton oscille entre un dégout pathétique, une fascination de la destruction et une véritable étude de moeurs. Très détaillé avec beaucoup de faits réels, des détails sur les rapports entre les Hell's et la police mais aussi avec les autres gangs ainsi que le commun des mortels. Entre les beuveries du 4 juillet, les rixes de bar, l'organisation du clan, la découverte de l'acide avec l'auteur de Vol au dessus d'un nid de coucou, le contexte politique autour de la guerre du vietnam et toutes les secousses sociales des 60's, le mythe du viol collectif dans les médias et sa véritable teneur, on ne s'ennuie pas une minute dans cette immersion d'un an avec le gang de motards le plus connu de l'histoire. Thompson écrit à travers ce périple tout un essai sur les marginaux du monde entier, la peur des différences et sa récupération par les médias mais surtout sur la liberté, la vraie. Ne ratez pas le dernier chapitre où L'auteur enfourche son fidèle destrier pour une grande virée au bord de l'océan sur les routes sinueueses et dépourvues de sens de la californie sauvage, les sensations sont garanties. Pour l'anecdote, l'accroche du livre se fait sur le défoncage de crâne de Thompson par les Hell's après une année à leur côté pour cause de royalties refusées sur le bouquin qu'il était en train d'écrire. Les Hell's se sont fait bouffer par les médias finalement. Devenu célèbres, leur statut leur monte à la tête, est récupéré par les intitutions en place et les fait retomber plus bas que terre. Comme tout mouvement de contre culture qui se respecte.





Quand on parle de boxe, le nom de Muhammad Ali résonne comme le gong du dernier round. Une histoire hors du commun, un charisme et une utilisation des médias révolutionnaires, un engagement sincère, des KOs à la pelle, un come back fracassant, en gros une légende. Mais le champion poids lourds qui le précédait, Sonny Liston ,plutôt peu connu du grand public, pourrait rivaliser finalement assez facilement tellement sa vie dévoile un véritable polar ambulant. Nick Tosches, critique rock touche à tout à qui on doit déjà les très bonnes biographie de Jerry Lee Lewis et Dean Martin, a senti tout le potentiel dramatique de l'existence de Sonny. Une vie de dur. Esclave du début à la fin. Une date de naissance inconnue, un âge qui change au fil des procédures nombreuses devant la cour. La pègre, la boxe, les deux inséparables. Les premières retransmissions télévisuelles donc les premiers gros gros sous. Les managers fantômes qui récupèrent ces gros sous. Les belles voitures de Sonny achetées avec les petits sous qu'il reste. La délinquance, la prison. Le crochet, la droite la plus violente de l'histoire. Cassius Clay et le match truqué. La mort prévisible et inéluctable mais pourtant pleine de suspense. Tosches ne rate rien de la vie du champion poids lourds rendant aux travers de nombreux détails et rapports de tribunaux, un style plus noir que Sonny ne l'était. Sonny fait peur, il incarnera le mal toute sa vie mais pas le méchant que t'aimes bien, celui qui parle beaucoup et appuye où ça fait mal avec panache. Non, le méchant tout court. Celui que tout le monde aime détesté. Nick Tosches est surement un des meilleurs pour retranscrire les âmes déchues et oubliées. Sonny Liston est surement le plus gros cogneur du XX eme siècle mais il ne laisse derrière lui que sombres histoires de violence, de femmes et d'alcool bien sûr mais aussi d'esclavage quelque soit sa forme, d'organisation du crime et de boxe. Car Sonny, y'a que ça qui le faisait vivre, le Noble Art. Un contre un. Tes dents par terre, les miennes qui rayent le parquet. Une vraie leçon de vie.

La bande son qui va avec : James Brown - Night Train

Et pour ceux qui aiment les récits de Boxe, vous ne pouvez pas raté Le Combat du Siècle de Norman Mailer décrivant le fameux Rumble in the Jungle qui opposa Georges Foreman à Muhammad Ali en 1974 à Brazzaville, Zaire. Le style est très débridé dans la pure tradition du romanesque-journalisme à l'américaine comme Truman Capote et autre Russell Banks. Un must qui récoupe certains pics de Tosches dans Night Train à l'égard de Mailer et pas mal d'autres personnages de la boxe.



Et maintenant, bonne lecture !

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