mercredi 12 décembre 2007

chili palmer is in the house



Au milieu des années 90, le style punchy et les dialogues accérés de Elmore Leonard font mouche à hollywood. Jackie Brown de Tarantino et Out of Sight de Soderbergh développent plutôt bien l'esprit de ses romans : des personnages complètement déments, des quiproquos invraisemblables, des arnaques et du culot, le tout servi par des dialogues impeccables. Juste avant est sorti en 1995 Get Shorty par Barry Sonnenfeld, futur réalisateur de Men in Black et Wild Wild West. Le personnage Chili Palmer, campé par un Travolta en pleine rédemption post-Pulp Fiction, est un usurier de Brooklyn qui rêve de faire du cinéma. Suite à une arnaque rocambolesque, il se retrouve à LA avec un producteur loser de la pire espèce joué par l'excellent Gene Hackman. L'histoire n'est pas vraiment importante, tout est centré sur les personnages et les dialogues. On sent l'influence qu'a eu Elmore Leonard sur l'écriture de Tarantino, la rhétorique est implacable, les personnages attachants car complètement improbables et Chili Palmer fait son cinéma. On se marre beaucoup, les seconds rôles sont impeccables comme James Gandolfini, futur Tony Soprano, qui joue ici un cascadeur gros bras barbu et chevelu. Le rythme est au rendez vous, le sens du détail, l'humour, la dérision et l'univers tout entier de Leonard, bourré de références multiples à la sous-culture, nous emportent entre les wiseguys et les acteurs foireux, on se régale.


En 2005 est adapté Be Cool, la suite de Get Shorty, 10 ans après. Suite à son succès dans le milieu du cinéma, Chili Palmer (toujours Travolta) a envie de tester l'industrie du disque. On retrouve les détails, les manières et les répliques cultes du premier épisode, la télé qui s'allume tout seule tard la nuit, la 'cadillac' de Chili, les petites frappes et les caids en bois. Dans le milieu de la musique, la caricature du Hip-Hop était bien sûr facile et Leonard assure des personnages bien poilant comme Cedric The Entertainer et Andre 3000 en gros Hummer et petit cerveau. On pourrait tomber dans l'énorme cliché mais nous sommes là dans un monde plus ou moins parallèle où tout est dérision et avec l'appui du réalisateur F.Gary Gray, réalisateur de clips et du très bon Friday avec Ice Cube, on tombe vite sur ses pattes. Cedric est jubilatoire en producteur sans scrupule. Uma Thurman est ajoutée au casting mais ne sert pas à grand chose à part faire la fan de Steve Tyler et une énième danse pleine de références avec Travolta, mode Pulp Fiction. Vince Vaughn est une caricature de Hip-Hop blanc assez réussie et surtout The Rock en garde du corps gay à contre emploi est tout simplement parfait. On sent que tout ce petit monde s'amuse pleinement avec la même formule que le premier volume mais la réalisation traine en longueur, tous les détails plus 'auteurs' de Get Shorty tournent au MTViesque avec match des Lakers, démonstration de danse, concert d'Aerosmith, remise de prix bourrée de stars et autres scènes dispensables qui ressortent un peu comme des vieux démon de F. Gary Gray. Reste une suite cohérente et un panaché de seconds rôles assez excitants vu qu'on retrouve aussi Harvey Keitel dans une autre réminiscence Pulp Fictionnesque ou Christina Milian dans son presque propre rôle. L'ensemble des deux est super cohérent, les parallèles sont nombreux et très plaisants donc laissez vous tenter par une soirée complète dans le monde d'Elmore Leonard en compagnie de Chili Palmer. Et si vous êtes un couche tard, enchainez avec Jackie Brown et Out of Sight et vous aurez la galerie de personnages les plus loufoques et déjantés du polar de ces dix dernières années.

PS : VO obligatoire sinon c'est naze.



Aucun commentaire: