chronique:I'll sleep when your dead

El-P
I'll sleep when you're dead
1. Tasmanian Pain Coaster featuring the Mars Volta
2. Smithereens (Stop Cryin')
3. Up All Night
4. EMG
5. Drive
6. Dear Sirs
7. Run the Numbers featuring Aesop Rock
8. Habeas Corpses (Draconian Love) featuring Cage
9. The Overly Dramatic Truth
10. Flyentology featuring Trent Reznor of Nine Inch Nails
11. No Kings featuring Tame One
12. The League of Extraordinary Nobodies
13. Poisenville Kids No Wins / Reprise (This Must Be Our Time) featuring Chan Marshall of Cat Power

Comme tous les amateurs de hiphop indépendant post-Rawkus des années 2000, Cold Vein de Cannibal Ox a marqué une partie de ma vision de la musique hiphop.Un son nouveau, des mcs frais sortis de nulle part avec des placements et des timbres originaux, une ambiance soutenue sur toute la durée de l'album mélangeant science fiction, bitume et paranoia, bref un classic du genre. L'album d'El-P Fantastic Damage surf sur ce succès en proposant un son encore moins accessible mais super dense et travaillé, l'aboutissement de sa première vague sonore avec son label Definitive Jux. Pari réussi. On est en 2002. Ensuite c'est un peu le vide sidéral. La suite peine à venir, les sorties Def Jux déçoivent (Murs, SA Smash, C-Rayz Walz, The Perceptionnists dans une moindre mesure mr.Lif) et tous les backpackeurs pensent que leur label phare va vite devenir un Eastern Conference 2 avec un roaster dingue et des disques passables ou qui ne sortent pas (il est où le deuxième Can Ox??). Le public assez large se détournent doucement vers d'autres types, d'autres mouvements. Moi parmi eux.

Mais en 2005, après cette fournée d'albums décevants, arrive le premier opus de Cage sur Def Jux avec El-P en Executive Producer. On se met à rêver d'un Cold Vein 2. Et on est moins déçu. Hell's Winter est une belle petite réussite, très introspectif avec un ton travaillé et un son rappellant l'age d'or du label. Le nouvel album d'El-P est alors annoncé. l'impatience se fait sentir.

2006. El-P monte un blog, communique de plus en plus autour du son de son album. Comme déjà entrevu sur Hell's Winter, sa musique est plus organique encore, pleine d'envolées et d'interventions de musiciens, plus rock, plus pop, plus lourd, plus tout quoi. Les premiers extraits mélangent can ox et run dmc, BDP et NIN. On se dit que la tête de file du mouvement rap independant as fuck est back.

2007. Notre ami inconnu Mattew Snyder assure sa version promo. L'album tourne sur le net un mois avant sa sortie. Et là, c'est la claque. Une énergie libératrice, des arrangements destructeurs, des featurings bien sentis, un son brut mais tellement organique, des ovnis comme The Overly Dramatic Truth véritable chanson rock presque pop, Flyentology ou un crossover magnifique avec Trent Reznor, Up All Night et ses batteries hypnotiques et surtout le premier et le dernier track de l'album, morceaux épiques de 7 à 8 minutes avec une ampleur lyrique, des mouvements et des vagues soutenus pour les interventions des membres de Cat Power et the Mars Volta qui développent en nous des sentiments nouveaux (si si!). L'ambiance oscille entre Boogie Down Posse sous acid, Rick Rubin customisé et scène rock spé gonflée à l'hélium. Les batteries sont excellentes, les arrangements jouissifs. Les featurings rap limités aux potes Aesop Rock, Cage et Tame One sont bien placés et justes, pour moi les trois meilleurs de son écurie. Et surtout El-P au mic prouve encore sa pertinence avec des thèmes forts, un flow aiguisé, travaillé, se mélangeant parfaitement avec ses productions. I'm El-P, i'm produce and i'm rap too. Pas une faute de goût, pas un arrangement douteux. Une pièce maitresse. C'est encore trop tôt pour le dire mais à mon avis, on a trouvé un successeur à notre cher Cold Vein.